La première édition du Learning Show a eu lieu les 22 et 23 octobre derniers à Rennes, et j’y étais ! 2 jours intenses que je vous propose de découvrir à travers les conférences et ateliers auxquels j’ai participé !
Jour 1
Ouverture du Learning Show
Yannig RAFFENEL et Pierre BERTHOU ont ouvert ces 2 jours. L’idée du Learning Show est née il y a 1 an avec la volonté de créer un événement dans un format différent que ce qui existe déjà : qui ne soit pas à Paris, qu’on y parle de digital, de pédagogie et avec des participants / intervenants venants d’horizons différents (Répartition des participants : 48% Organismes de formation, 26% start-up, 17% RH, 9% enseignement).
Les enjeux de la formation :
- Apprendre plus vite : il y a une fracture entre ceux qui intègrent facilement et les autres
- Le digital : ne pas dissocier pédagogie et digital, il faut plus de collaboration
- Des lois qui vont changer les codes : il va falloir s’adresser de plus en plus aux salariés (B2B vs B2C)
- Casser les silos entre entreprises et éducation nationale
L’enjeu est important quand on sait que le taux d’attrition (perte d’abonnés) des MOOC est de 93%. Le constat c’est que de toute façon ceux qui vont au bout des modules sont soit les plus motivés (s’ils n’avaient pas le e-learning ils auraient acheté un livre) soit contraints de le faire.
Les clés de succès des projets doivent donc être : PLAISIR ET MOTIVATION !
Atelier 1 : Retour d’expérience Groupama
Animé par Mélanie Richer, responsable formation et accompagnement commercial chez Groupama
Présentation du workshop : Au travers d’un exercice rapide, nous testerons comment enseigner le découragement en 5 minutes… pour mieux le fuir dans la vraie vie !
Nous avons abordé la notion d’état d’impuissance apprise ou de Learned helplessness = état de découragement et de renoncement dans lequel les participants peuvent tomber.
L’objectif est de lutter contre le « je ne vais pas y arriver », plusieurs pistes ont été évoquées dont celle essentielle de donner du sens, vendre le pourquoi plutôt que le quoi ou le comment. Le débat s’est orienté sur la problématique classique de délivrer une formation commune à un groupe alors qu’ils peuvent avoir des niveaux de connaissances et de motivation très différents.
Un verbatim intéressant : chez nous on a enlevé tout ce qui était nombre de points dans les quizz, on raisonne uniquement en % de progression.
D’un point de vue personnel ça confirme l’intérêt de 2 outils que nous utilisons systématiquement chez b-flower pour dimensionner nos projets :
- la matrice ACTE pour mesurer le niveau de savoir-faire et de plaisir
- l’autodiagnostic b-eden pour mesurer le niveau actuel et souhaité.
Atelier 2 : Connaissez-vous l’apprentissage mutuel ?
Animé par Diane Lenne, Professeure, baroudeuse, chercheuse et CEO de WAP – WE ARE PEERS
Présentation du workshop : Un atelier pour apprendre à apprendre entre pairs, en petits groupes dans un format court et interactif et 100% participatif, à l’aide d’une méthode accessible, efficace et réplicable.
Le constat c’est que nous savons tous des choses mais nous ne savons pas toujours quoi et comment les transmettre.
La solution présentée par Diane c’est la WAP Box, une méthode d’animation ludique pour faciliter le partage de connaissances. En petits groupes nous avons pu la tester. A tour de rôles les participants tirent des cartes Questions, Interactions , Actions… le jeu de carte devient l’animateur du workshop.
Une méthode efficace pour faciliter la communication. Au-delà du partage de connaissances pour former j’y vois aussi un intérêt en cohésion d’équipe pour apprendre à découvrir ses collègues.
Atelier 3 : Serious Play Collaboratif
Animé par Isabelle Le Vern, consultante digital learning & Sophie Hardy directrice solutions digitales chez Evocime
Présentation du workshop : Comment enrichir un parcours de formation pour augmenter la motivation des participants ? Venez expérimentez une nouvelle technique : le serious play coopératif « Learning Battle Cards ».
C’est le Serious Play qui avait suscité mon intérêt, je m’attendais à quelque chose dans le genre du serious game, pas du tout ! Les « Learning Battle Cards » est un jeu de cartes qui permet de construire des parcours de formation innovants. Il se compose de 108 cartes qui correspondent à 108 méthodes pédagogiques différentes : de l’assessment à la rédaction d’articles en passant par des vidéos ou des formations en présentiel…
Chaque participant du groupe tire 6 cartes puis positionne celles qui lui conviennent dans le parcours de formation. Ensuite le groupe échange, argumente, co-construit le dispositif pédagogique le plus adapté au projet du client. Nous avons été mis en situation par groupe de 6 ou 7 autour d’un cas client : imaginer un parcours de formation sur les motifs discriminatoires en entreprise… Une méthodologie proche du design thinking, que l’on pourrait appeler du design learning !
Cette méthode originale permet de s’ouvrir sur de nouvelles modalités pédagogiques mais je suis plus dubitatif sur le long terme. J’ai le sentiment qu’une fois qu’on a vu toutes les modalités pédagogiques, les cartes ne sont plus utiles, en fonction du besoin le consultant doit être capable de proposer le bon parcours à son client. Aussi, puisque l’on construit le parcours à partir des cartes, nous sommes dépendants du tirage. Même si j’ai conscience que les cartes sont là pour nous ouvrir les yeux autant toutes les passer en revue pour construire son parcours.
Atelier 4 : Le plaisir dans l’apprentissage
Animé par Christian Colin, Responsable “teaching & learning center” & Cofondateur de Pairform.
Là je me suis trompé de salle ! J’avais prévu de me rendre à l’atelier Réalité virtuelle et formation. Peu importe le sujet à l’air aussi intéressant : le plaisir dans l’apprentissage !
Deux problèmes (de mon point de vue) sur ce workshop :
- En fait le sujet ce n’est pas vraiment le plaisir, c’est une démo du soft Pairform, un outil qui mixe social et blended learning, et la démo porte sur un module « plaisir dans l’apprentissage ». #nuance
- Le soft tourne sur PC mais le responsive n’est pas encore vraiment adapté aux mobiles. Nous sommes une soixantaine dans la salle… plus ou moins 58 à tester Pairform avec nos smartphones. #flop
Dommage pour l’équipe Pairform parce que le soft à l’air intéressant mais nous nous sommes retrouvés dans un scénario classique d’une formation qui plante : écart entre les attentes et la formation, mauvaises conditions de travail…
J’en ai profité pour échanger avec mon groupe, notamment Elena Maneru (qui s’est aussi trompée de salle !), DRH de Digitaleo qui venait d’animer un worskhop sur son retour d’expérience de la formation dans son entreprise, et Alexandre Waquier, responsable France chez Vosaic, qui anime le lendemain un atelier sur le video training.
Hackapitch
En fin de journée un hackapitch était organisé suite à un appel à projets lancé par Evocime : comment rendre visualisable de la DATA brut ? (Le besoin : https://www.learning-show.com/join-us/), 5 start up ont pitché :
- On apprend tous différemment, on oublie 80% en 1 mois, comment se souvenir en juin d’une information qu’on a eu en janvier ?
- Sa solution : l’ancrage mémoriel en créant un parcours de révision dans leur application. Le participant reçoit des notifications push l’invitant à répondre à un quiz qui lui rappelle les infos clés.
- Leurs arguments : 28% de mémorisation sans Domoscio vs 79% avec.
Linguaforce, le robodacteur
- Un robot qui génère du texte automatiquement, capable de conjuguer et de construire des phrases à partir de données brutes comme la météo, résultats sportifs…et donc de données Evocime.
- Ils sont capables de chercher de la DATA dans une bibliothèque de fiches, de faire une prévision des demandes à partir des tendances des demandes actuelles et de segmenter les clients et de pousser du contenu sur mesure en fonction des segments.
- Evocime serait le Netflix de son marché, le risque c’est de s’auto-ubériser, prêt à changer de business model ?
Upminded
- Etudiant il avait besoin de se créer des fiches mémos rapidement donc il a développé une appli capable d’analyser un document, par exemple un pdf et de générer une mindmap.
- Son appli découpe automatiquement le document, fait une arborescence et est capable d’envoyer les éléments par exemple dans un LMS (pratique pour faire du rapid learning à partir d’un PDF !)
- Propose de favoriser le partage par la co-construction
- Création d’une communauté d’experts qui travaillent ensemble sur un sujet commun hébergé sur Pairform
Conférence Edtech
La première journée s’est clôturée par une conférence animée par Sophie Blitmann avec comme invités Svenia BUSSON & Benjamin GANS.
Leurs bio :
- Svenia est une exploratrice de pratiques pédagogiques innovantes qui s’intéresse particulièrement à l’adoption intelligente du numérique éducatif. Après un tour du monde des Edtech qui lui a permis d’explorer 10 écosystèmes et pays différents et de rencontrer plus de 300 acteurs du secteur, elle créé aujourd’hui une structure qui a pour but d’accélérer les innovateurs de l’éducation.
- Benjamin Gans dirige EdFab depuis 2016, après un parcours d’entrepreneur. EdFab est le lieu du pôle Cap Digital dédié à l’innovation dans le domaine de l’éducation, de la formation et du travail. EdFab est l’opérateur de l’observatoire de la EdTech lancé avec la Caisse des Dépôts en mars 2017.
Les éléments clés :
- Création d’un observatoire Edtech dont l’objectif est de recenser tous les acteurs innovants de la formation et de créer des synergies. Aujourd’hui ce sont 293 entreprises enregistrées (90% de start-up, 70% en région parisienne, 50% en B2B, 25% B2C, 25 % sur les 2)
- Il faut utiliser le numérique de façon impactante pour transformer l’éducation
- Il y a quelques gros acteurs qui tiennent le marché, dictent les codes et ne veulent pas que ça change
- On ne peut pas copier-coller les meilleures pratiques, les cultures sont différentes, mais il faut évangéliser, en parler, s’en inspirer
- The teacher is the killer app : il faut partager les cultures et faire du pair à pair
Je vous invite vraiment à découvrir les travaux de Svenia , ils sont sur le site http://www.edtechtours.com/, le rapport est disponible ici.
Jour 2
Le jour 2, Oussama Amar faisait la conférence d’ouverture ! Si vous ne le connaissez pas je vous invite à taper son nom dans Google et regarder les vidéos Koudetat ! Oussama nous a donné sa vision du monde de la formation, il est intervenu dans son style, sans slide, avec justesse et à base de punchlines ! Voici mes préférées :
- Les grandes écoles c’est la nouvelle bourgeoisie !
- La formation sert à inculquer un paradigme et les paradigmes changent !
- Les changements ne sont pas une fatalité !
- La formation doit prendre exemple sur le marché du sport !
Il a également proposé 3 idées assez intéressantes pour développer l’innovation en formation :
- Arrêter de contrôler les budgets à la ligne pour savoir si c’est pris en charge ou pas
- Arrêter la notion d’obligation : elle entraine une baisse de la qualité
- Créer davantage de passerelles entre le monde de l’éducation et la formation
Atelier 5 : Vidéo learning
Animé par Alexandre Waquier de Vosaic
Présentation du workshop : Tester une technologie utilisée par la plupart des sportifs de haut niveau, et qui appliquée à la pédagogie, permet d’engager et de libérer le potentiel des apprenants.
Alexandre nous a présenté Vosaic, un outil intéressant inspiré du monde du sport : l’analyse vidéo. Vosaic permet de créer des grilles d’observation interactives. Le groupe peut remplir la grille en regardant une vidéo ou pendant un cas de training filmé. Les observations sont compilées pour faciliter le débrief.
C’est un très bon outil de mémorisation, on ne retient que 40% d’une mise en situation lors d’un débrief.
Le participant peut également se filmer, envoyer les séquences au coach ou au manager qui peut les regarder et débriefer plus tard.
Atelier 6 : Méthodes agiles en conception pédagogique
Animé par Philippe Lacroix, cofondateur de IL&DI
Comme tout projet, le projet de digital learning n’échappe pas à la règle d’écart entre ce qu’attend le client et ce qu’il reçoit.
L’objectif des méthodes agiles est de pouvoir gagner du temps dans les étapes longues comme les allers/retours et passer du temps là où on a de la valeur ajoutée en faisant beaucoup d’interactions.
Les 5 idées que j’ai retenu de ce workshop :
- Définir ce qu’on imagine vs ce qui pourrait convenir : pour savoir ce qu’est un voyage en avion on est pas obligé de créer un avion de toute pièce !
- S’approprier le contenu : faire attention aux experts et à l’existant, il faut faire l’éponge, prendre du recul puis y aller. Le risque c’est de faire ce que l’expert ferait, mais ce n’est pas forcément la bonne méthode pédagogique. Le job de l’expert c’est d’éclairer le concepteur.
- Livrer quand le produit est acceptable: ce sont les retours des premiers participants ou testeurs qui doivent permettre de finaliser.
- Suivre les bonnes étapes :
- Concevoir le synopsis : l’histoire à raconter
- Rédiger les scénarios
- Mettre en forme : la forme c’est le fond qui remonte.
- Faire un test : regarder sans le son, sans texte et voir si on comprend l’histoire.
- Valider : être sans pitié
- Utiliser des outils simples pour concevoir des choses rapidement : Adobe Spark, go animate, Explee, Sway
Hélas J’ai dû partir avant la conclusion du Learning Show mais d’après Twitter ça s’est bien terminé ! #LS2017 #Learningshow https://twitter.com/LelearningShow?lang=fr
Un grand bravo à tous pour cette belle première ! Il est important de préciser que le Learning Show a été organisé par des bénévoles et qu’il leur a fallu équilibrer un budget de 40000 €.
A l’année prochaine !
Yoann
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